Claude NICOLET

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La reconnaissance par les États Unis d'Amérique de Jérusalem comme capitale de L’État d'Israël est une décision unilatérale, irresponsable et dangereusement explosive. Elle contrevient tout d'abord au droit international et à toutes les résolutions de l'ONU qui précisent bien que toutes conquêtes territoriales obtenues par la force ne peut faire l'objet d'une annexion et encore moins d'une reconnaissance.

Donald Trump foule donc au pied toute l’architecture du droit international et l'ensemble des droits reconnus aux Palestiniens comme peuple occupé depuis la guerre des 6 Jours en 1967 avec les responsabilités qui incombent à Israël comme puissance occupante. Mais il nie également l'ensemble des progrès fait par le droit quant à la légitime reconnaissance du peuple palestinien à déterminer librement son avenir. Car se faisant, il revient au fameux théorème politique de Golda Meïr "Palestine doesn't exist..."

Il annonce clairement, qu'en s'alignant sur les positions les plus dures du gouvernement israélien, il met un terme à la perspective de la création d'un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. C'est évidemment une victoire politique et symbolique immense pour Benjamin Netanyahu et les faucons de son gouvernement.

Pareille posture ne relancera pas les négociations et n'assouplira pas le cuir du Premier ministre israélien qui poursuit la colonisation des territoires occupés à marche forcée. C'est aussi la reconnaissance du fait accompli et cela n'ouvrira aucune perspective de règlement du conflit israélo-palestinien, mais bien au contraire, il y a fort à parier que les tensions vont se multiplier un peu partout dans le monde musulman en général et en Palestine en particulier.

Ensuite, il met dans une position impossible l'ensemble de ses partenaires du monde arabe, aux premiers rangs desquels l’Égypte, la Jordanie mais aussi le Maroc et l'Arabie saoudite qui sont des puissances qui n'ont cessé de jouer les médiateurs dans les moments les plus durs. Avec cette décisions, il les humilient et les met en porte-à -faux vis à vis de leurs opinions publiques promptes à s'enflammer sur ce sujet.

Il signifie également l'échec définitif du "processus de paix" ce qui aura également comme conséquence la redéfinition de la nature de l’État d'Israël. Que deviendront les Palestiniens? On sait désormais que Benjamin Netanyahu avait proposé à l’Égypte de "déplacer" massivement ceux-ci dans le Sinaï afin de régler le "problème" par un transfert de population également contraire au droit international. Les Palestinien ont-ils vocation à devenir des citoyens israéliens de pleins droits et de pleins exercices ou de poursuivre leur existence dans des bantoustans plus ou moins autonomes d’où sortiront obligatoirement de futures générations totalement radicalisées ?

Dès lors Israël peut-il se définir comme État juif et comme État démocratique? Ces questions sont redoutables et portent en elles la destruction à terme du projet sioniste en tant que projet historique et politiques. Donald Trump en mesure t-il les conséquences? Elles risquent d'être catastrophiques pour toute la région et même bien au delà.

Car la dimension symbolique de Jérusalem est immense. Elle mobilise l'imaginaire de milliards d'hommes et de femmes à travers le monde, qu'ils soient Musulmans, Chrétiens ou Juifs. Les affrontements peuvent être portés à un degrés d'incandescence que Mr Trump ne mesure absolument pas.

L'ensemble de la communauté internationale, au premier rang de laquelle la France, doit faire bloc contre cette décision terrifiante, partout ou cela sera possible. Emmanuel Macron ne peut et ne doit pas rester sans réaction devant ce véritable coup de force lourd de danger y compris pour Israél. Si l'intransigeance des Etats-Unis d'Amérique reste identique, il faudra engager un mouvement de même ampleur pour le contrecarrer. La France doit alors prendre la tête d'une vaste initiative mondiale s'appuyant sur le droit international et son affirmation. Il faudra immédiatement reconnaître la Palestine comme Etat souverain, et entraîner le nombre de pays le plus élevé dans cette direction. Elever notre consulat général de Jérusalem-Est au rang d'ambassade de plein exercice, considérer la décision états-unienne comme nulle et non-avenue. Ce dont il faut avoir conscience, c'est que c'est l'idée même de dialogue entre les Nations qui est remis en cause par Donald Trump. Il donne corps à l'idée du "deux poids deux mesures" qui ne cesse de gangréner les relations entre l'Orient et l'Occident et se faisant de donner raison aux pires de nos ennemis. La France doit donc réagir immédiatement face au défi lancé à la communauté internationale.

Claude NICOLET
Président d'honneur du Réseau de Coopération Décentralisée pour la Palestine-Cités Unies France
Vice-président de l'association franco-palestinienne Dunkerque-Gaza