Claude NICOLET

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La justice s'est prononcée, le "bal des Noirs" aura bien lieu à Dunkerque ce samedi 10 mars. Ce sera le 50ème anniversaire des "Noirs" une bande d'amis qui fait carnaval ensemble depuis un demi siècle. Une tradition, un ancrage, une réalité profonde en lien direct avec ce que nous sommes dans la vérité de ce qu'est carnaval pour les Dunkerquois.

Depuis quelques mois, des "associations" qui se disent antiracistes, prétendent, dénoncer le racisme qui serait intrinsèque à une telle manifestation. La réalité est bien plus simple. Elles souhaitent tout d'abord se faire une publicité à bon compte sur le dos du carnaval dont elles ignorent tout. Elles s'érigent ensuite en censeurs et en détentrices de la bonne conscience et surtout du politiquement correct dont elle se font les rédactrices au quotidien du moralement acceptable. Cette hypocrisie qui ne vise qu'à exercer une tutelle culpabilisatrice sur l'ensemble de la société française, s'attaque depuis quelque temps au carnaval de Dunkerque.

Nous ne serions que d'horribles racistes parce que certains d'entre-nous se déguisent en Noirs, de façon caricaturale. Mais la caricature c'est le propre du carnaval, la dérision fait partie de ses gênes, de son ADN. Carnaval se moque de tout et de tous...par définition. Il est insupportable d'assister à ces attaques en règle sur ce qui fonde une tradition. Qui plus est une tradition fondamentalement libératrice, celle du carnaval, qui s'autorise toutes les transgressions, toutes les aventures, toutes les libertés. Alors que carnaval est l'inversion des valeurs, le triomphe de la rue sur le pouvoir en place, des "associations" qui ne représentent rien, prétendent nous dire ou est le bien et le mal.

Elles parlent de "racisme d’État" parce qu'elles ont été déboutées (à juste titre) du référé visant à interdire le "bal des Noirs." Leur imbécillité est ici toute entièrement résumée. Qu'est-ce que l’État à à voir avec le carnaval? Nous n'aurions par ailleurs, fait aucun travail de mémoire sur l'esclavage? Mais enfin, le carnaval de Dunkerque est intimement lié à la pêche à Islande quand nos ancêtres s'en allaient pendant plus de six mois pêcher la morue. Beaucoup ne revenaient pas. Mais là n'est pas leur soucis. Que veulent fondamentalement ces "associations"? Une chose simple, plaquer sur notre histoire une grille de lecture qui ne correspond pas à ce que nous sommes mais qui correspond aux intérêts qui sont les leurs. Notamment vouloir à toute force relier chaque événement à la traite négrière, même si cela est faux, même au prix d'une reconstruction idéologique de l'histoire.

Elles nous parlent également de blackface. Un concept directement importé des États Unis d'Amérique mais qui ne correspond en rien à notre histoire et à la société française. Il est en outre reproché au bal des Noirs, d'être directement relié à une fantasmagorique image de l'esclavage dont ma bonne ville de Dunkerque n'aurait jamais fait le travail critique et historique. Parlons peu parlons bien, il s'agit ici, ni plus ni moins que d'une gigantesque volonté de culpabilisation de l'ensemble d'une population qui serait par définition coupable de ne pas avoir fait son mea-culpa vis à vis d'horribles trafiquants d'esclaves. Cette entreprise de culpabilisation à grande échelle est proprement insupportable et ne vise qu'à la promotion d'intérêts particuliers. Elle définit des populations entières comme étant par essence racistes, car n'ayant pas fait sur elle même le travail historique (forcément à charge) démontrant leur culpabilité voire leur participation dans un crime contre l'Humanité (l'esclavage). Il faut donc expier. Et bien évidemment, à ses associations de nous dire ce qui est historiquement correct.

Et bien NON. Nous n'avons rien à expier, nous n'avons rien à nous faire pardonner et sur ce point comme sur d'autres aux historiens de faire leur travail et d'arrêter cette concurrence mortifères des mémoires et leur instrumentalisation. Nous n'avons, au carnaval, que la fête en partage. Que la dérision et l'humour à offrir. Ces tentatives d'intimidation, sont profondément révélatrices de la période que nous vivons. D'affirmation agressive d'identités particulières et s'affrontant les unes aux autres. D'affirmation d'une société qui se veut multiculturelle et en réalité intolérante.

Ma bonne ville de Dunkerque serait "immonde" parce qu'elle ose se revêtir de ce que certain considère comme étant leur propriété exclusive (une couleur de peau dont ils seraient les seuls à pouvoir parler), voilà la véritable intolérance et la véritable escroquerie intellectuelle. Fondamentalement ils refusent l'Altérité, ils refusent l'universalité. Je suis un homme et quelque soit ma couleur de peau, je peux et je dois m'adresser à toute l'humanité. Je m'admets pas que seuls les Blancs puissent parler des Blancs. Que seuls les Noirs puissent parler des Noirs. Ces "associations" ne rendent aucun service, ni à la France, ni à la République. Ce n'est d'ailleurs pas leurs soucis. L’Égalité ne les intéressent pas. Le carnaval ne les intéressent pas. Il n'est qu'un prétexte, un faire-valoir, et qu'il faut donc, par leur truchement et grâce à elles, nous purger de cette perversité, de ce travers colonialiste toujours présent, qui est en fait au fondement de notre identité.

Il est évident que je n'accepte pas ce postulat qu'on prétend nous imposer. Car il ne faut pas se bercer d'illusion, cette attaque contre la carnaval de Dunkerque est en réalité une attaque contre "une certaine idée de la France" dans son fonctionnement anthropologique. Dans sa relation aux autres et dans l'idée qu'elle se fait d'elle même, de notre imaginaire. Cette polémique concernant le carnaval de Dunkerque n'est pas simplement un épiphénomène au sujet d'une manifestation qui se déroule au septentrion du pays, c'est une véritable remise en cause de ce que nous sommes collectivement. On nous demande de nous définir à partir des crimes que nous aurions nécessairement commis et dont nous devrions être responsables de toute éternité et à partir desquels nous devrions définir nos comportements. Évidemment c'est intolérable. En fait, il ne s'agit pas tant de s'attaquer au carnaval qu'à ce qui nous permet d'être encore une Nation et des éléments qui nous permettent encore de "faire France." Dunkerque avec son carnaval est plus que jamais Dunkerque la républicaine, pour tous ses enfants, quelque soit la couleur de notre peau.

Claude NICOLET
Carnavaleux dit "le Carrelet"