Claude NICOLET

Le site de

la_crise_de_tropJe vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage, "La crise de trop, reconstruction d'un monde failli", écrit par Frédéric Lordon. Comme dans un bon roman policier ou d'aventures, quand on y met le nez, il n'y a plus moyen de décrocher. C'est tout simplement passionnant. Il y a tout d'abord le style, la construction des phrases, les tournures d'esprit. Et puis il y a l'humour, on se surprend très souvent à rire de bon coeur à la lecture de nombreux passages. On sent toute l'intelligence, toute la culture, toute l'agilité d'un homme se déployer sous nos yeux pour nous faire comprendre les enjeux, les causes de la crise économique qui nous frappe. Il met en lumière les responsabiltés des uns et des autres, il pointe du doigt les responsables politiques qui ont mis en place le système qui s'effondre. Il n'oublie rien ni personne. De la politique du "franc fort" en passant par les traités de Maastricht, Amsterdam, Lisbonne ou par Washington, les "subprimes", les salaires trop bas qui plongent les ménages dans l'endettement, il rappelle l'histoire et les faits. Un réquisitoire terrible.

 Mais il n'oublie pas les responsabilités écrasantes des "faiseurs d'opinions". Les journalistes complaisants, les commentateurs zélés, les experts incompétents qui communiaient tous dans la même foi: celle du néo-libéralisme financier. Et qui pire encore, sont les mêmes qui continuent de tenir le haut du pavé de la scène médiatique et d'officier chaque jour que le marché fait,  donnent la bonne parole et prêchent les saintes écritures du capitalisme globalisé. Sa colère est grande.

Tout cela est écrit avec un sentiment de révolte profond, intense, trop peut être ? Mais il faut dire qu'il y a de quoi. Car enfin, comment ne pas être scandalisé, écoeuré; comment ne pas se sentir méprisé, voire humilié à la lecture des propos qu'il rapporte, des situations qu'il dénonce, des fonctionnements du système qu'il décortique ?

Car notre homme s'y connaît. Economiste, il est directeur de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) où il travaille sur le capitalisme financier. Il ne se contente pas de dénoncer, il fait aussi de nombreuses propositions comme la socialisation du crédit (SLAM), la limitation des marges actionnariales ainsi que la démocratisation des entreprises qui deviendraient la chose commune des salariés. Frédéric Lordon appelle ça la "récommune".

Drôle, sérieux, très documenté, une écriture passionnée, incisive et beaucoup de mémoire...A lire de toute urgence.