Claude NICOLET

Le site de

vendmaires_1vendmaires_2Accueillis par Christian Hutin, député-maire de Saint-Pol-sur-Mer, une centaine de participants se sont retrouvés samedi 17 octobre à la Maison du Méridien de Dunkerque Malo-les-Bains pour les « septièmes Vendémiaires » de Résistance Sociale, association nationale constituée en 2003 pour contribuer à favoriser l’échange entre militants politiques, associatifs  et syndicaux.
Des débats riches et parfois passionnés ont ponctué cette journée qui proposait de réfléchir autour de l’articulation entre « résistance sociale » et « alternative politique ».
Le débat de la matinée, placé sous la présidence de Jean-Claude Chailley, porte-parole de Résistance Sociale, s’engageait sur la première question : « comment l’idéologie libérale peut-elle rester aux commandes ? » Didier Rossi, membre FO du conseil d’administration de La Poste, insistait sur le succès de la votation citoyenne contre le changement de statut de La Poste et sur le long cheminement qui y avait conduit, avec en point de mire la demande d’un référendum. Selon lui, cet appel aux citoyens pourrait inaugurer une autre forme d’action, à côté de la grève. La « votation citoyenne » allait d’ailleurs être un peu le fil rouge de cette journée, beaucoup d’intervenants s’y référant pour appuyer leurs propos.

 

Françoise Ney, membre du collectif de défense des hôpitaux, qui lui succédait, parlait de son combat contre les fermetures d’hôpitaux de proximité, et notamment des maternités, en cette journée de manifestations pour les droits des femmes. Elle mettait en avant le fait que l’action du collectif, notamment auprès des praticiens hospitaliers, avait permis de faire évoluer la loi hôpital santé territoires, dite loi Bachelot.

Patrice Siard, secrétaire national de République et Socialisme, ramenait le débat sur un terrain plus politique en expliquant les raisons qui l’avaient conduit à rejoindre le Front de Gauche aux élections européennes, aux côtés du Parti de Gauche et du PCF. Pour le PCF justement, Patrice Bessac, jeune porte-parole du parti de Marie-George Buffet, insistait sur la nécessité, à ses yeux, de rechercher le maximum de convergences avec les différents partis de gauche, tout en menant un dialogue avec les organisations syndicales et en débattant sur le fond sans concessions afin de dessiner les contours d’un projet susceptible d’entraîner une majorité de citoyens et de faire échec à celui de la droite.

Jacques Nikonoff, fils de résistant, fondateur et ancien président d’ATTAC, porte parole du Mouvement Politique d’Education Populaire (M’PEP), faisait lui le lien entre la résistance de la seconde guerre mondiale et la résistance sociale d’aujourd’hui.

Louardi Boughedada, membre des Verts, insistait, pour sa part, sur la nécessité d’un nouveau développement et d’une décroissance.
Ce mot allait faire réagir tant la salle que les participants.

Patrice Bessac, notamment, indiquait qu’il préférait parler d’une autre croissance, plus respectueuse de l’environnement. Jean-Louis Frémaux, du MRC, allait dans le même sens en insistant sur le fait qu’une décroissance risquait de pénaliser les plus pauvres comme c’est le cas, selon lui, de la taxe carbone et qu’il fallait plutôt miser sur le co-développement avec les pays du Sud. Débat qui ne pouvait véritablement se conclure, chacun restant sur ses positions.

Après la pause déjeuner, les débats reprenaient sous la présidence de Michel Jallamion, secrétaire général de Résistance Sociale, cette fois autour du thème "Comment passer de la résistance sociale à l’alternative politique ? ».

D’entrée, Pierre Larroutourou, ancien apôtre de la semaine de quatre jours, membre du conseil national du Parti Socialiste, montrait, tableaux à l’appui, la croissance exponentielle du déficit public et la baisse parallèle de la part des salaires dans le PIB de l’Etat.

Rémi Aufrère, de la CFDT cheminots, rappelait, lui, que le service public de la SNCF était  aussi l’objet d’attaques au nom du principe de la concurrence libre et non faussée. Il indiquait aussi que, selon lui, l’inversement du calendrier de l’élection présidentielle, en plaçant les législatives après celle-ci, avait accru la présidentialisation du régime et changé la donne à gauche en privilégiant l’émergence d’écuries présidentielles, au détriment d’un véritable débat d’idées. Il en profitait pour dire tout le mal qu’il pensait du système des primaires et sa crainte que cela n’aboutisse à la disparition des partis traditionnels.
Patrick Hallinger, de l’UGFF CGT, insistait sur le travail de la Convergence pour la défense et le développement des services publics et la difficulté de globaliser les luttes des différents collectifs de défense, chacun ayant tendance à privilégier l’action sur son secteur d’activité. Malgré tout, comme l’a montré le succès de la votation citoyenne sur la Poste, des intérêts communs arriveraient à émerger, permettant une meilleure prise en compte par les citoyens du rôle important des services publics.

Pour ma part, je rappelais selon moi la nécessité du rassemblement de toute la gauche, sur la base d’un projet, seule manière à mes yeux de battre la droite. Cela sans tabou et en mettant sur le tapis toutes les questions, y compris celles qui fâchent.


Guy Lafleur, représentant du PCF du Nord, mettait en avant le travail de confrontation initié par le PCF avec ses ateliers, permettant à l’ensemble des organisations de gauche de s’exprimer librement sur un certain nombre de sujets.
Jacques Rigaudiat, ancien conseiller social à Matignon, membre du Parti de Gauche, soulignait que pour lui le rassemblement n’était possible que sur la base d’un projet véritablement anti-libéral et qu'il fallait privilégier le renversement du rapport deforce au sein delagauche française.

A la suite d’une question de la salle, le débat glissait ensuite sur la question des retraites. Rémy Aufrère, interpellé en tant que syndicaliste CFDT, précisait qu’à titre personnel il était favorable à la défense du système par répartition et exprimait sa crainte que le débat annoncé pour 2010 débouche au contraire sur une prime donnée au système par capitalisation.

Marinette Bache, présidente de Résistance Sociale, concluait cette journée de débats en faisant ressortir l’évolution satisfaisante à ses yeux du débat à gauche, rappelant qu’en 2003, à la création de Résistance Sociale, le dialogue était souvent difficile à la fois entre partis de gauche et avec les organisations syndicales alors que désormais les uns et les autres ont pris l’habitude de se parler et d’agir ensemble. Marinette Bache donnait ensuite les participants à se retrouver à nouveau lors des 8èmes Vendémiaires.