Claude NICOLET

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La_Voix_du_NordLa Voix du Nord du mardi mardi 08 mars 2011, par Dominique Serra.

Il n'y pense pas tous les matins en se rasant mais n'écarte aucune hypothèse. On pourrait retrouver Jean-Pierre Chevènement dans la course à l'Élysée l'an prochain.

 

 Il l'a confirmé hier à Lille, en marge de la présentation de son dernier livre (1). « En désespoir de cause, je ne peux pas exclure de me porter candidat, je n'aurai d'ailleurs pas grand-chose à changer à ma campagne de 2002. » Pour l'instant, l'ancien ministre joue collectif. Il milite pour « un candidat unique de toute la gauche mais sur une ligne ferme ». En clair, pas un « social-libéral ». Et l'on devine que Dominique Strauss-Kahn ne correspond pas à son portrait-robot.

 

S'il faut partir en campagne, Jean-Pierre Chevènement ne manque ni de munitions ni d'une vision de l'Histoire. Il explique que le long cycle néolibéral entamé à la fin des années soixante-dix sort à bout de souffle de la crise financière. Reste à négocier un virage de taille : en finir avec « la dictature de l'actionnariat » et le « court-termisme », redonner un rôle moteur aux États, aux services publics, à la recherche et à l'éducation, combattre la « toute-puissance des marchés ».

Jean-Pierre Chevènement est modérément optimiste. « Je ne pense pas du tout que la crise du capitalisme soit derrière nous, les déséquilibres n'ont pas été corrigés. La guerre des monnaies est devant nous. Les États ont sauvé les banques mais celles-ci reprennent leur danse du scalp auprès des pays les plus endettés. » Il ironise sur ce G20 devenu un GO, « gentil organisateur incapable de faire appliquer ses décisions ».

Révolutionnaire

L'ancien ministre plaide donc pour un « nouveau modèle de développement » au niveau européen, une stratégie basée sur la croissance plutôt que sur l'austérité car « corriger les déficits par une cure d'austérité, c'est plonger les pays concernés dans des difficultés encore plus grandes », ce qui lui semble être le cas de la Grèce.

En répondant lui-même au titre provocateur de son livre, Jean-Pierre Chevènement ne croit pas que la France soit « finie », même s'il constate que « notre système éducatif n'a pas amélioré ses performances depuis 1995 ». En matière économique, il prend ses distances avec la course à la compétitivité - « elle ne doit pas nous amener à nous aligner sur le modèle chinois, nous avons le droit de défendre notre modèle social » - et suggère une modification des règles de fonctionnement de l'euro. Il réclame une France forte pour « tempérer les excès de rigueur que l'Allemagne pourrait nous imposer ».
À 72 ans, celui que ses camarades du Mouvement républicain et citoyen appellent le « Che » reste, à sa manière, un révolutionnaire.

(1) "La France est-elle finie?"chez Fayard, 19 euros.