Je viens d'apprendre avec beaucoup de tristesse et d'émotion la mort de Bernard Stasi. Je l'ai connu il y a longtemps déjà, en particulier dans ses fonctions de président de Cités-Unies France. C'était un homme d'une grande délicatesse et d'une immense courtoisie, profondément attaché aux valeurs humanistes et républicaines. Il aurait très certainement pu faire une très grande carrière politique mais la force de ses convictions ne l'a peut-être pas autorisée. Il ne faut en effet pas oublier, qu'il a été l'un des premiers responsables politiques à condamner sans ambiguïté le coup d'Etat de Pinochet contre Salator Allende alors qu'il venait d'entrer au gouvernement comme ministre des Dom-Tom. C'était en 1973.
Centiste et européen convaincu, nous ne partagions pas de ce point de vue les mêmes analyses mais les discussions se faisaient toujours dans un profond respect des uns et des autres.
Militant convaincu de l'action internationale des collectivités locales, j'ai pu me déplacer à plusieurs reprises avec lui. En particulier dans le monde arabe et au Proche-Orient. Nous avions rencontrés ensemble Yasser Arafat quant le "processus de paix" semblait une réalité. Il était profondément attaché au devenir de cette partie du monde et n'a jamais ménagé ces efforts. Je me souviens de ballades dans les rues de Jérusalem ou de Gaza et de Bernard entouré de ribambelles de gamins aux rires éclatants, dans ces moments là il était heureux car il aimait sincèrement les hommes.
Nous le rencontrions régulièrement au siège de la médiature de la République qui fut une autre de ses missions. Il a également, à la demande du président Chirac, su remarquablement diriger la commission qui a porté son nom sur la laïcité. Cela a donné au pays une solution intelligente à la question du "foulard islamique". Il avait le sens de l'Etat et de l'intérêt général. Je pense très fort à lui et mes pensées vont à sa famille.
