Claude NICOLET

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Idela fibresPar Olivier Dufourg, La Voix du Nord du samedi 06 octobre 2012

La nouvelle est tombée brutalement avant-hier : le groupe belge Beaulieu, qui possède trois sites industriels dans le Dunkerquois, a présenté un projet de fermeture d'Idéal Fibres et Fabrics. Basée à Petite-Synthe depuis 1988, l'usine fabrique du fil synthétique pour les tapis et les moquettes (1) et emploie cent quinze salariés. Seulement trente-six, soit un tiers, seraient reclassés au sein du groupe.

Une importante récession du marché liée à une forte concurrence des pays du Moyen-Orient : voilà la principale raison invoquée par la direction de Beaulieu pour justifier le projet de fermeture d'Idéal Fibres - Dunkerque.

Implanté dans huit pays, le groupe belge, qui possède une trentaine de sites dont trois dans le Dunkerquois (Polychim et Distriplast, situés sur d'autres créneaux d'activité, et Ideal Fibres), a présenté son projet de fermeture lors d'un comité d'entreprise européen. « Le secteur de la fabrication de fil synthétique souffre depuis de nombreuses années de la récession importante du marché de la production des tapis et moquettes. Les fabriquants produisant moins, les volumes de fil produits connaissent une forte baisse, ce qui a déjà conduit le groupe à devoir faire une première restructuration en juillet 2009 », explique la direction du groupe Beaulieu.

Une première restructuration qui était notamment passée par la fermeture de l'usine de Douvrin, dans le Pas-de-Calais, et le licenciement de ses 254 salariés.
Relayant les propos de sa direction, Vincent Roussel, responsable d'Ideal Fibres, ajoute : « Notre industrie, auparavant centrée sur l'Europe occidentale, s'est aujourd'hui délocalisée en Asie et au Moyen-Orient, notamment en Arabie Saoudite et en Turquie. Résultat, les producteurs de fil que nous sommes subissent une concurrence importante et des importations massives de ces pays, qui vendent leur produit à des prix extrêmement compétitifs. »

De son côté, l'intersyndicale FO-CFDT d'Ideal Fibres ne cherche pas à contester la réalité économique des faits. Ce qu'elle n'accepte pas, en revanche, c'est la brutalité de l'annonce, et surtout, l'insuffisance des compensations financières : « Le projet de fermeture ne devait pas figurer à l'ordre du jour du CE européen, ce point a été rajouté le jour même. Ensuite, la direction ne propose que 15 000 E bruts et imposables comme indemnité à chaque salarié. Cela est inacceptable. » Estimant que le groupe se porte bien (1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière), « et que c'est notre secteur qui va mal », l'intersyndicale revendique le même traitement financier que l'usine de Douvrin, fermée en 2009 : « Un accord de méthode avait été trouvé, qui permettait aux salariés de partir avec 3 000 E par année de présence. Nous, on veut pareil car on estime que c'est le minimum à faire pour Dunkerque. »

Prochainement, direction et syndicats doivent se rencontrer pour évoquer un premier projet de plan social. « On nous reproche la brutalité de l'annonce, mais ce genre d'annonce est toujours brutale", reprend Vincent Roussel. "Le groupe assume pleinement ses responsabilités et négociera avec le CE pour discuter de mesures d'accompagnement appropriées pour tous les salariés touchés. » À suivre, donc. •

(1) Entre 700 et 800 tonnes par jour, pour une capacité de 1 200 tonnes.