Entretien donné à l'Est-éclair, mercredi 21 novembre 2012.
Romilly-sur-Seine - Le bras droit de Jean-Pierre Chevènement sera, jeudi soir, à Romilly pour animer une réunion publique à Ambroise-Croizat
Répondant à l'invitation de Claude Maitrot, secrétaire départemental du MRC (Mouvement républicain et citoyen), Claude Nicolet animera, jeudi soir, à l'espace Ambroize-Croizat, une réunion publique. À l'ordre du jour de cette soirée : l'Europe, bien sûr, mais aussi la politique industrielle en France, les valeurs républicaines et l'avenir du MRC dans le paysage politique français.
Le Mouvement républicain et citoyen a vingt ans d'existence. Quel regard portez-vous sur ce parti créé à l'initiative de Jean-Pierre Chevènement ?
« Nous avions vu juste. À l'époque, nous voulions nous donner les moyens de desserrer les contraintes économiques, financières et sociales qui s'incarnaient en France depuis 1983 dans le fameux "tournant de la rigueur". Il fallait donc mener le combat idéologique et politique. Nous l'avons fait. Il fallait chercher de nouveaux chemins politiques.
Il fallait bousculer les conformismes et la poigne de fer de l'idéologie néolibérale qui cadenassait tout et tous, ce fut fondamentalement le sens de la candidature de Jean-Pierre Chevènement en 2002.
Depuis, incontestablement, les consciences ont évolué et il fallut bien se rendre à l'évidence, la victoire du "non" au référendum de 2005, l'échec de la présidentielle de 2007 et, surtout, le décrochage massif de l'électorat populaire du vote PS (11 % des ouvriers ont voté Jospin en 2002) démontraient l'étendue du malaise et de la crise politique qui minait le pays.
Mais c'était le pari qui était le nôtre : face à ce monde en plein bouleversement, nous faisions le pari du retour du citoyen et de la nation républicaine pour redéfinir les rapports de forces idéologiques et politiques du monde qui venait. »
François Hollande a été élu à la présidence de la République avec le soutien du MRC, mais vous n'apparaissez pas dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Vous en êtes déçu ?
« Ce n'est pas une déception, c'est un constat. Mais cette situation ne pourra pas durer car le président Hollande ne peut continuer avec une majorité ayant une base politique trop étroite. Or notre objectif reste celui de « faire bouger les lignes ». Et elles bougent !
Je suis persuadé que le moment venu, le président Hollande fera appel au MRC. La crise de l'euro et de l'Europe va se poursuivre. La présence au gouvernement de ceux qui ont toujours eu une analyse lucide sur la construction européenne sera alors une nécessité politique aux yeux du pays car seul compte l'intérêt de la France. »
Quel regard portez-vous sur les six premiers mois de la présidence de François Hollande ?
« J'ai toujours pensé qu'il était le seul à gauche capable de gagner l'élection présidentielle. Surtout, ne l'accablons pas. La gauche est arrivée au pouvoir dans la pire des situations, au cœur d'une crise majeure.
Par ailleurs, je refuse de passer sous silence les dix ans de pouvoir de la droite dont cinq de sarkozysme néoconservateur qui ont fait beaucoup de mal. Ce n'est pas en six mois que tout se transformera. Mais je suis lucide, c'est une condition de notre loyauté, nous soutenons François Hollande « les yeux ouverts ».
Cela veut dire que nous ne cessons pas de développer nos analyses. Nous pensons qu'elles tiennent la route dans la durée face aux problèmes de la réindustrialisation, de l'avenir de l'euro et à la situation politique de la France. Le seul combat qui vaille est celui de l'emploi. »
Pratique
Soirée-débat avec Claude Nicolet, secrétaire national du Mouvement républicain et citoyen (MRC).
Jeudi 22 novembre, à 19 h, au foyer Ambroise-Croizat, rue Jean-Jaurès à Romilly-sur-Seine.