Claude NICOLET

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Itzahk_RabinIl y a quinze ans déjà, le 04 novembre 1995, Itzhak Rabin, Premier Ministre d’Israël était assassiné. Ce n’était pas seulement l’homme qui était visé, c’était aussi et surtout le symbole qu’il représentait. Cet homme était un homme d’Etat. Il avait compris qu’il fallait faire la paix avec les Palestiniens au nom des intérêts supérieurs de son pays. Et parce qu’il était un grand patriote, il pouvait assurer définitivement la place d’Israël au Proche-Orient, une place pleinement reconnue par le monde arabe. Le principe « la terre contre la paix » était (et est toujours) le seul qui vaille. Mais il était aussi le symbole d’une transformation profonde de la société de son pays.  

Lui l’homme de guerre, le militaire, le conquérant, qui avait mener la vie dure aux Palestiniens, avait compris que l’option militaire n’était qu’une impasse. Il avait l’autorité suffisante et le parcours nécessaire pour imposer les choix indispensables afin de parvenir à une paix juste et durable et parvenir à la création d’un Etat palestinien à côté d’Israël. Ces choix nous les connaissons tous et depuis longtemps : Frontières de 1967, Jérusalem-Est comme capitale de Palestine, retour des réfugiés (dont les négociations portaient sur quelques milliers et sur le principe d’une juste indemnisation pour les autres), arrêt de la colonisation, fin de l'occupation. Nous savons tous également que tout cela aurait été négocié.

Il fallait un homme de la trempe de Rabin pour cela. En face, il lui fallait un partenaire de la même dimension. C’était Yasser Arafat. Personnalité politique hors du commun, possédant une autorité incontestée et une légitimité historique de même importance. Il était à lui seul l’incarnation de la lutte de libération nationale palestinienne. Ces deux hommes pouvaient réussir.

L’assassin de Rabin ne s’est pas trompé de cible et le processus de paix ne s’est jamais remis de cette tragédie. Il est mort en réalité le 04 novembre 1995. Je pense qu’à ce moment là la société israélienne à mesurer le degré de violence qui existait en son sein et que poursuivre le processus pouvait mettre en danger l’existence même de l’Etat. Dès lors quel est le responsable politique qui pouvait prendre le risque de faire courir un danger éventuellement mortel  au projet sioniste en tant que projet politique et en tant que projet historique. Il faut notamment se souvenir de la violence des campagnes de la droite et de l’extrême droite israélienne contre les travaillistes.

Le déclenchement des vagues d’attentats suicide du Hamas, l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon et le début de la seconde Intifada ne furent qu’une longue descente aux enfers qui ne fait que se poursuivre aujourd’hui. L’image d’Israël est profondément atteinte et dégradée dans le monde, sa société politique se radicalise et se parcellise, tandis que la Palestine est divisée géographiquement et politiquement, sans réelle perspective si ce n’est d’être avalé par une colonisation qui s’étend sans cesse et qu’aucun signe réel ne montre qu’elle s’arrêtera.

Ce conflit israélo-palestinien ronge tout le Proche-Orient, il gangrène les relations entre le monde musulman et le monde occidental. De problème politique et de droit international, les intégristes de toutes confessions le transforment en question religieuse. Que peut-on en attendre de bon? Rien.

L’assassin, un jeune juif israélien extrémiste, que certains considèrent  comme un héro, à non seulement tuer un homme, mais aussi la paix possible entre deux peuples. Ce faisant, il a ouvert les portes de l’enfer. Est-il encore possible de les refermer ? Ce n’est pas sûr.