Claude NICOLET

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L'entretien que j'ai donné au journal L'Est-éclair ce 11 octobre dernier. Propos recueillis par Christophe Levert

1 En 2020, vous avez créé La Nation Citoyenne dans la perspective des présidentielles de 2022. Quels ont été les raisons qui vous ont amené à vous engager au bénéfice d’un association qui entend réunir des politiques de tous bords avec au cœur de toutes les préoccupations, la question républicaine ?

Parce que c’est aujourd’hui la question essentielle. Ce qui est en jeu c’est l’idée même de la République et de la France. Après 40 ans de déconstruction intellectuelle, politique, idéologique, de reniement de la France et de la République nous sommes aujourd’hui confrontés à des choix que je n’hésite pas à qualifier d’existentiels. La République est la forme moderne de la France et nous assistons depuis des années à une mise en cause voire une volonté de détruire et la France et la République. Seul compte les individus, les communautés quelles soient religieuses, ethniques, sexuelles…le commun, l’intérêt général tout cela doit disparaître. Au regard de ces enjeux, les Républicains doivent se réunir.

2 Une grande partie de la gauche a coupé les ponts avec la classe ouvrière et une certaine forme de patriotisme. Pour quelles raisons, selon vous, les ouvriers et les salariés, quand ils votent, ne votent plus à gauche ?

Parce que la gauche les a abandonnés. Il ne faut pas chercher plus loin. « La gauche » (en tout cas une bonne partie d’entre elle) s’est perdue dans la construction néolibérale de l’Union européenne pensant trouver un nouvel Eldorado afin de justifier l’abandon de la question sociale. Or toute l’histoire de la gauche était de penser l’articulation de la question sociale et de la question nationale. En abandonnant la question sociale pour Maastricht et la question nationale pour l’Union européenne, la gauche a perdu le peuple. Or le peuple français est profondément patriote parce qu’il est un peuple politique et que notre identité nationale est d’abord et avant tout une construction politique. Mais soyons honnête, la droite n’a pas fait beaucoup mieux.

3 En avril dernier, dans Figaro Vox, vous estimiez que l’heure était à l’audace et à la prise de risque parce que la situation l’exigeait et que les Français sentaient le pays se déliter. N’est-ce pas une invitation à rallier les extrêmes et notamment Éric Zemmour qui bouscule, aujourd’hui, l’échiquier politique à l’approche des élections présidentielles de 2022 ?

Le succès d’Éric Zemmour tient à une chose simple, il parle de la France. Il met ses mots sur des angoisses profondes qui viennent de loin. Il est le symptôme d’une crise d’identité très profonde qui existe probablement depuis les années 30 et qui s’est renforcée depuis 40 ans avec le sentiment profondément ancré chez les Français, que la maîtrise de leur destin leur échappe.

Notre société est hautement inflammable il convient donc d’être très prudent. Mais il faut avoir conscience d’une chose, une partie de plus en plus grande du peuple français veut renverser la table car il sent que c’est l’idée même de son pays, de sa culture, de ses paysages, de son histoire et de son destin dont il est question. Notre pays est aujourd’hui aux prises avec l’une des pires crises de son histoire.

4 L’identité française se pose, aujourd’hui, au cœur des débats et anime toutes les passions. Être Français, qu’est que cela veut dire pour vous ?

Être français c’est d’abord et avant tout être citoyen de la République française. C’est une exigence, une volonté. Ce sont des droits mais d’abord et avant tout des devoirs. C’est un pari sans cesse renouvelé avec l’avenir. C’est une volonté d’affronter le destin et c’est « un plébiscite de chaque jour » pour reprendre la formule de Renan. Être Français est un défi permanent. Nous devons en être fiers.