Claude NICOLET

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C'est le slogan de "campagne" (j'hésite à utiliser le mot tant il me semble hors de propos) de l'UMP pour les élections européennes du 07 juin prochain. Nicolas Sarkozy en a fait son cheval de bataille, il en a décliné les modalités (paraît-il) lors de son discours de Nîmes ainsi qu'à l'occasion du meeting de Berlin de ce week-end avec Angela Merkel à ses côtés.

L'Europe qui protège, ça c'est le discours. Moi aussi je suis pour une Europe qui protège. Je suis même pour la remise en place de la "préférence communautaire" qui existait, si mes souvenirs sont bons, dans le Traîté de Rome et qui a disparu par la grâce du Traîté de Maastricht au nom de la "concurrence libre et non faussée". Je suis même pour que l'on instaure une certaine dose de protectionnisme du marché européen et que l'on remette en cause le libre échange doctrinaire qui nous gouverne et nous fait tant de mal. Nicolas Sarkozy a donc raison de vouloir une Europe qui protège.

Et puis il y a la réalité: par exemple, la commission européenne qui prévoit l'enregistrement des sociétés de gestion des fonds spéculatifs (les fameux hedges funds) qui mettent à sac l'économie mondiale depuis des années, et non les fonds eux mêmes. Autrement dit les hedges funds basés dans les paradis fiscaux (ceux dont on nous a fait croire à la disparition) pourraient, via ces sociétés de gestions, venir faire leur petit marché directement en Europe. Certes Madame Lagarde est contre une telle mesure et ne manque pas de le dire. C'est sûr qu'après avoir mis en place le bouclier fiscal en France, autoriser les hedges funds à venir piller l'épargne européenne, ça ferait mauvais genre. Mais soyons rassuré, les fonds spéculatifs s'engageraient à s'autoréguler! De peur de voir les Etats peut-être se méler de la gestion de leurs 1400 milliards de dollars. Qui peut croire pareilles sornettes?

Autre réalité européenne, dont on parle moins: ce jeudi 07 mai se tenait à Pragues le "sommet" européen pour l'emploi. Il fallait se mettre d'accord sur des "actions concrêtes", comme toujours. Lesquelles? "Encourager l'esprit d'entreprise et la création d'emploi, accroître de manière significative le nombre d'apprentissage et de formation de haute qualité, aider les jeunes et les chômeurs à créer leur entreprise et ajuster temporairement le temps de travail".

Les syndicats ont refusé de signer un tel texte. Probablement parce qu'ils pensaient qu'il ne protégeait pas assez le monde du travail.