Où est la parole, la voix forte de la France? Le peuple palestinien ne pourra servir d'éternelle variable d'ajustement aux contradictions internes de la société israëlienne et à la destructuration politique de son envirennement régional. Car c'est bien en réalité de cela dont il s'agit. La tragédie qui se déclenche à nouveau dans cette région du monde, ne peut surprendre que celles et ceux qui ne veulent pas voir la réalité dans toute sa violence. La question centrale est celle de l'occupation. Tout le reste en découle. Colonisation, humilation, haine, terrorisme, violence, mort...
Il convient, dans de telles circonstances, de rendre hommage au courage et à la dignité des familles des jeunes gens assassinés, Israëliennes et Palestiniennes et qui ont décidé de se parler, de se comprendre. C'est un exemple et une leçon qui nous permettent de ne pas désespérer...La vie plutôt que la mort.
La fin du "processus de paix", n'est que l'illustration de l'absence totale de perspectives politiques et de projet stratégique de développement. Israël n'est pas parvenue à sortir du piège de sa victoire militaire, dans lequel elle s'est enfermée en 1967 et qu'avait parfaitement analysé le général de Gaulle.
La vision messianique a pris le pas sur le sionisme laïc, égalitaire et marxisant des pères fondateurs de l'Etat d'Israël. Aujourd'hui, l'extrême droite religieuse et coloniale, depuis l'assassinat de Yitzak Rabin, impose peu ou prou son agenda et son hégémonie idéologique. Une fois de plus, nous ne pouvons qu'alerter sur les dangers immenses qui pèsent sur l'avenir d'Israël tant qu'une telle politique sera à l'oeuvre. Ces dangers menacent la cohésion même de la société israëlienne. Le développement et la structuration d'une frange extrêmiste recourant à l'assassinat politique en réalité depuis longtemps, est un danger sur la démocratie elle même. Répandre la mort et la destruction sont le symbole terrible d'un échec politique majeur. La théorie du "prix à payer" en direction des colons ne peut que permettre de récolter des fruits très amers.
Qu'on le veuille ou non, la question ne se pose pas dans les même termes pour la société palestinienne, car il ne peut y avoir "d'équilibre", de "parallélisme" des formes. Il y a bien une puissance occupante et un peuple occupé, il y a donc une différence de nature, que la radicalisation politique du gouvernement israëlien ne saurait masquer. Cette radicalisation a d'ailleurs été mise en évidence, par l'ensemble des députés, lors de la dernière audition de l'ambassadeur d'Israël en France par la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, le 11 juin dernier.
Il n'y a pas d'autre solution que la paix et le réglement politique de ce drame qui n'a que trop duré. Les paramètres nous les connaissons tous. Négociations sur les bases des frontières de 1967, Jérusalem comme capitale des deux Etats, négociation sur les réfugiés et les conditions de leur retour (qui, combien, où), continuité territoriale de l'Etat de Palestine. Il ne faut se faire aucune illusion, sans perspective il n'y aura à l'arrivée que la tragédie et le désespoir pour Israël et pour la Palestine.
Il faut donc discuter avec tous. La constitution d'un gouvernement de rassemblement national palestinien était une bonne nouvelle. La paix ne se fera qu'avec tous et le mouvement national palestinien doit être rassemblé. Tous les observateurs savent que le Hamas est prêt à entrer dans un cycle de négociations dont l'objectif sera le réglement de la question israëlo-palestinienne. Pour cela, il faut un engagement déterminé de la "communauté internationale" avec des garanties de sécurité pour Israël et pour la Palestine.
Le Hamas est en grande difficulté, ce n'est un secret pour personne, dans le cas d'une surenchère avec Israël, il jouera le rôle de "l'idiot utile" de façon parfaite. Il lancera ses roquettes, inutiles militairement mais politiquement dévastatrices. Il participera de la destruction de toute représentativité politique palestinienne, la puissance militaire israëlienne se chargeant d'atomiser la société palestinienne dans ses représentants par le démentèlement des infrastrucutres, la poursuite des arrestaions de masse et de la colonisation.
Le déclenchement d'une troisième Intifada sera un geste de désespoir avec tout ce que cela veut dire comme prix à payer par les civils. L'Autorité Nationale palestinienne sera détruite, toute la Cisjordanie devra être réoccupée et la Bande de Gaza restera ce qu'elle est: une prison à ciel ouvert et Israël s'enfoncera dans la nuit de l'extrêmisme religieux.
A l'heure de l'effondrement sur lui même de l'Irak et du danger géo-stratégique du djihadisme, à l'heure du pourrissement de la question de l'Afghanistan, de la poursuite de la guerre civile syrienne, d'une stabilisation précaire de l'Egypte, à l'heure des gangs mafioso-djihadistes en Afrique subsaharienne, à l'heure de la Libye détruite par une intervention intempestive outrepassant les directives de l'ONU, plus personne ne peut se permettre de voir se conflit se perpétuer. Certes il est de "basse intensité", mais la redéfinition des rapports de forces dans la région (sunnisme/chiisme, Iran/Golfe persique) doit nous persuader de la nécessité de régler cette question qui reste centrale.
Claude NICOLET
Premier secrétaire du MRC Nord
Secrétaire national du MRC chargé de la Citoyenneté et de la Laïcité
Conseiller régional Nord Pas de Calais