Claude NICOLET

Le site de

Horn1Sortons tout d'abord des idées préconçues. Si le futur site sera bien classée SEVESO, il ne faut pas que cette simple dénomination serve trop facilement à condamner le moindre projet d'implantation  industrielle sur Dunkerque où ailleurs. Cette tournure d'esprit qui consiste à nourrir une réserve, voire une hostilité croissante vis à vis des projets industriels, au nom de la dégradation de l'image d'un territoire, "toujours sacrifié" qui ne serait destiné qu'à devenir une "poubelle" est non seulement une erreur, mais également très dévalorisant, si ce n'est méprisant, pour celles et ceux qui travaillent dans ce secteur, en font vivre leurs familles et le territoire.

Ces hommes et ces femmes sont fiers du travail qui est le leur, de leurs entreprises et de ce qu'ils y produisent. Il suffit de les rencontrer ainsi que leurs organisations syndicales (ce que, en ce qui me concerne, je fais très souvent) pour mesurer l'attachement des salariés à leur outil de travail.

C'est également oublier un peu rapidement, que la bataille industrielle est fondamentale pour notre pays et son avenir. Pas de système de protection sociale puissant sans outil de production puissant. La désindustrialisation du pays est un véritable drame et tout doit être mis en oeuvre pour y remédier. Le rapport Gallois rédigé il y a deux ans est très clair sur ce point. C'est d'abord par l'industrie que peuvent se créer et se développer les services et le tertiaire. Pas l'inverse.

Cessons également de parler avec beaucoup trop d'imprécisions. En aucun cas il s'agit de stocker sur le futur site des "déchets" industriels. Mais des matières dites dangereuses parce que la classification l'exige (il peut s'agir de parfum, de produits cosmétiques, d'alcool, de produits de bricolage, de peinture, de produits d'entretien, de colle, d'engrais de colorants...). De ce point de vue, le projet Horn sera un incontestable progrès puisqu'il sécurisera considérablement une situation aujourd'hui, c'est vrai, insatisfaisante. Les matières dangereuses (dont la gamme est vaste) sont bien souvent dispersées "ici et là" et parfois même dans une ignorance totale du grand public.

Le projet en question consiste à partir d'une plateforme multimodale (avec un fort report sur le ferroviaire), d'en assurer le stockage dans de bonnes conditions, d'en assurer la traçabilité et la gestion à partir d'une technologie unique en Europe. Dunkerque sera donc à la pointe de ce qui se fait dans ce domaine.

De nombreux industriels sont demandeurs d'installations de cette nature et une telle implantation contribuera fortement à renforcer l'attractivité de notre plateforme industrialo-portuaire. Pour une raison simple, dans la bataille industrielle que nous livrons, la question logistique et celle du stockage sont déterminantes. Aujourd'hui en l'absence d'une telle infrastructure, le stockage se fait en flux tendu c'est à dire sur les routes! Et nombre de camions font l'aller retour jusqu'à Anvers pour stocker en Belgique les matières premières dont nous avons besoin!

Avec un telle projet, le littoral dunkerquois s'inscrira pleinement dans la stratégie de développement économique mise en place par le Conseil régional Nord Pas de Calais qui veut faire de notre région l'une des grandes plateformes logistiques européennes pour être à la pointe de la bataille industrielle à laquelle nous sommes confrontés. Il y a donc de notre part, une grande cohérence de vue sur la stratégie industrielle à mettre en place.

De nouvelles entreprises seront donc intéressées de pouvoir bénéficier de cette nouvelle plateforme, ce qui contribuera beaucoup à la diversification de notre industrie et de nos activités. Il est évident que cela renforcera la cohérence  de notre propre tissu industriel qui trouvera sur place un outil de compétitivité supplémentaire incontestable. 

Le Port de Dunkerque sera également l'un des bénéficiaires d'une telle opération. Et avec lui l'ensemble des professions qui en dépendent comme les salariés de la manutention. Faut-il rappeler que plus de 25 000 emplois sur le littoral sont directement concernés par la bonne santé du Grand port maritime de Dunkerque?

Quant aux 450 emplois directs annoncés, ils concerneront le fonctionnement de la plateforme au quotidien une fois en activité. Ils ne concernent pas le chantier de construction. Les observations que je constate ici ou là sur ce sujet me laisse pantois je dois bien l'avouer. Faut-il rappeler les centaines d'emplois indirects que cela va créer? Sans compter, j'en suis certain, les nouvelles implantations industrielles qui viendront sur Dunkerque afin de pouvoir bénéficier d'un tel service?

Pour ces quelques raisons, Horn doit se faire. Un tel signe sera la démonstration du dynamisme toujours renouvelé du littoral dunkerquois et de sa volonté d'exister sur la scène européenne voire mondiale. C'est l'inverse qui serait l'affirmation de son renoncement à jouer un tel rôle.

Claude NICOLET

Conseiller régional Nord Pas de Calais

Secrétaire du MRC Dunkerque-Littoral