M. LE PRESIDENT: Merci, Madame TAQUET-LEROY.Monsieur NICOLET ?
M. NICOLET: Merci, Monsieur le Président. Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, je voudrais tout d’abord excuser Madame Françoise DAL, qu’une méchante grippe retient chez elle. Je prendrai donc la parole au nom du groupe Socialiste Citoyen et Radical dans le cadre de l’examen de ce projet de budget 2013 sur les relations internationales, la coopération décentralisée, la vie associative, la citoyenneté. Je voudrais tout simplement débuter mon intervention et la faire au nom, justement, de l’égalité et de la fraternité, parce que s’il y a bien, entre autres, une politique qui incarne, selon nous, ces principes, c’est bien celle portée par Majdouline SBAI au niveau de l’institution régionale.
Tout d’abord, affirmer et continuer d’affirmer plus que jamais la nécessaire ouverture de la région au monde, c’est, bien évidemment nécessaire, parce que comment faire l’impasse, en tout cas, selon moi, sur le fait que notre pays, la France, est un grand pays ? C’est une puissance mondiale qui a des responsabilités, elle est au coeur de l’Europe, elle est ouverte sur le grand large et sur le monde. C’est un pays méditerranéen aussi, tourné vers le monde arabe et vers l’Afrique. Elle doit donc appuyer son renouveau sur l’essor des pays émergents comme la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, l’Algérie, le Maroc, l’Afrique, la Turquie, mais aussi, demain, parce que les choses bougent, l’Iran, qui est aussi un grand pays.
Et cette ouverture sur le monde, que nous incarnons au niveau de la région Nord - Pas de Calais, nous devons aussi la porter, parce que c’est cela, la coopération décentralisée, parce que le monde bouge sans cesse et constamment et qu’il évolue et qu’aujourd’hui, nous sommes confrontés à un phénomène qui n’est pas nouveau, mais qui, aujourd’hui, s’incarne, s’institutionnalise : le phénomène urbain.
Aujourd’hui, les grandes métropoles, les villes, sont au coeur, elles sont, en fait, le chaudron dans lequel est en train de s’élaborer le monde de demain; les nouveaux enjeux de demain sont portés par les collectivités locales, sont portés par le phénomène urbain, nous le savons bien, et aujourd’hui, par l’intermédiaire des grands réseaux de collectivités locales, par exemple, en France, Cités Unies France, qui est d’ailleurs présidée par Michel DELEBARRE, mais aussi, au niveau international, par CGLU, Conseil des gouvernements locaux unis, qui est l’organisation mondiale des collectivités locales, aujourd’hui, cette question du phénomène urbain est au coeur de nos préoccupations.
Elle est au coeur de nos préoccupations, parce que c’est cela, l’enjeu de la coopération décentralisée. Aujourd’hui, tous les ans, rien qu’en Chine, entre 10 et 15 millions de personnes, de paysans, rejoignent les villes, rejoignent les banlieues. Casablanca : 7 millions d’habitants ; c’est quasiment deux fois la région Nord - Pas de Calais. Mexico : 25 millions d’habitants. Des interrogations majeures se posent aujourd’hui à nous; comment faisons-nous fonctionner nos collectivités locales ? Comment faisons-nous fonctionner les services publics dans nos collectivités locales ? Nous avons besoin ensemble, les élus locaux du monde entier, d’en discuter, d’en parler, parce que c’est là, aujourd’hui, que vivent nos concitoyens majoritairement.
Encore une fois, un phénomène dans l’histoire de l’humanité vient de se produire il y a quelques années; désormais, l’essentiel de l’humanité vit dans les villes, elle n’est plus rurale, c’est terminé, et l’humanité ne reviendra pas sur ce choix qu’elle a fait et sur cette grande dynamique qui est à l’oeuvre. Alors, oui, plus que jamais, la coopération décentralisée est nécessaire. À plusieurs reprises, notre coopération avec la région de Kayes a été évoquée, à juste titre, au regard des événements qui s’y passent actuellement.
Il y a de cela quelques jours, nous avons eu une réunion à Dakar, avec Africités, nous avons pu rencontrer l’ensemble des Présidents des maires de la région subsaharienne, le Président des maires du Mali, du Cameroun, du Sénégal, du Bénin, du Togo, du Burkina-Faso, de la Côte d'Ivoire entre autres, pour évoquer cette question et voir quelle place les collectivités locales, la coopération décentralisée, pouvaient prendre dans la perspective d’une résolution du conflit. Eh bien, oui, il s’agit là d’enjeux majeurs.
Plus simplement, les projets que nous portons, Yves COUPE l’a évoqué, avec le monde économique, l’entreprise, il y a un intérêt régional évident, tout d’abord parce que des milliers de nos concitoyens en région Nord - Pas de Calais sont dans les associations de solidarité internationale, en complément de la coopération décentralisée, et dire à ces milliers de nos concitoyens que ce qu’ils font, parce qu’ils sont animés uniquement par un sentiment de fraternité et d’égalité, ne sert à rien est une grave erreur, une incompréhension majeure des phénomènes qui sont en train de se passer.
Nous sommes aussi avec les PME, les PMI. Pierre de SAINTIGNON le sait bien, c’est un moyen extrêmement efficace de les accompagner dans les recherches de marchés à l’extérieur ; pourquoi ? Parce qu’il y a un accompagnement qui les rassure économiquement, politiquement, juridiquement, et même psychologiquement, qui est absolument essentiel et qui renforce ici notre territoire de PME/PMI quand elles vont chercher des marchés à l’extérieur. Cette recherche de marchés à l’extérieur, ce n’est pas de la délocalisation, nous le savons bien, c’est un moyen pour elles de se développer encore plus, et c’est cela aussi la réalité de la coopération décentralisée à laquelle nous sommes confrontés et l’articulation qui est déjà enclenchée avec Nord France Invest, par exemple, ici, en région Nord - Pas de Calais, en est un exemple absolument remarquable.
Je dirai qu’en fait, nous essayons de comprendre le réel pour aller à l’idéal, Monsieur le Président, et c’est ce qui anime constamment notre démarche et notre volonté. C’est aussi une façon d’inscrire la coopération internationale, la coopération décentralisée, dans une autre vision de la mondialisation, qui n’est pas la mondialisation libérale, qui s’inscrit contre les concurrences territoriales et qui veut, au contraire, affirmer qu’il y a un certain nombre de valeurs qui unissent les peuples et qui unissent les hommes.
Cela nous permet de lutter contre les égoïsmes territoriaux que nous voyons poindre. Regardons ce qui se passe en Catalogne, regardons ce qui se passe en Flandre, regardons ce qui se passe en Italie avec la Ligue du Nord, au Pays Basque, ces égoïsmes où, en fait, les riches veulent rester entre eux pour refuser de payer l’impôt et d’affirmer la solidarité nationale; ces enjeux sont devant nous, nous les utilisons comme des outils politiques à notre disposition.
Ensuite, rapidement, parce qu’Emmanuel CAU a été brillant sur la question de la citoyenneté, le soutien à la vie associative, c’est le creuset de l’apprentissage de la démocratie et de l’exercice démocratique. Il y a donc là une volonté politique en ce qui nous concerne et pédagogique en direction de nos concitoyens, me semblet- il, qui est tout à l’honneur de l’institution régionale que nous représentons. Bien évidemment, oui, 1 000 fois oui, nous continuerons d’apporter notre soutien à la politique de coopération décentralisée, de relations internationales, de la vie associative et de la citoyenneté, si brillamment portée par Majdouline SBAI et Françoise DAL.
Je vous remercie. (applaudissements sur les bancs des groupes Socialiste Citoyen et Radical et Front de Gauche, Communiste et Unitaire).