Claude NICOLET

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L’ancien député Julien Aubert lance l’Institut Valmy, un laboratoire d’idée "au service de la nation et de la République" dont il présente ici le manifeste signé par l’ensemble de ses membres.

Comme le rappelait le regretté Philippe Séguin dans son discours fondateur du 5 mai 1992 à l’Assemblée nationale, la République est véritablement née le 20 septembre 1792, à Valmy, avec le « peuple en armes » venu défendre la Nation — et non le lendemain, quand la Convention proclama l’abolition de la monarchie.

C’est en empruntant ce beau nom à l’Histoire que nous, membres fondateurs et associés de l’Institut Valmy, avons choisi de créer un laboratoire d’idées au service de la Nation et de la République.

Par-delà les clivages désormais obsolètes de la gauche et de la droite, balayés par l’avancée de la mondialisation, nous avons décidé d’unir nos énergies, nos savoirs et nos volontés. Issus d’horizons politiques, économiques et académiques divers, nous partageons un même constat : il est urgent non seulement de réfléchir au redressement national, mais surtout de s’y préparer concrètement.

Car la France est aujourd’hui vulnérable dans un système international de plus en plus brutal. Le retour du rapport de force nous rappelle une vérité fondamentale : la souveraineté ne se partage pas.
Or, sans souveraineté, la liberté n’est qu’un leurre. La France sera donc libre ou ne sera rien.

Une triple bataille se dessine : juridique, sociale et économique. Notre initiative s’inscrit dans un contexte marqué par les dérives néo-fédérales d’une Union européenne devenue paradoxalement trop pesante pour la vie quotidienne des Français, et trop faible pour les protéger.

À ce titre, nous rendons hommage aux républicains des deux rives — Philippe Séguin, Jean-Pierre Chevènement — qui, dès Maastricht, avaient pressenti le lent affaiblissement de la République et de l’unité nationale.

Il est temps de préparer une rupture juridique, pour replacer la souveraineté populaire au cœur de notre démocratie, dans la droite ligne de l’esprit de la Ve République. Nous croyons en une Europe des nations souveraines, fidèle à l’esprit du traité de l’Élysée initial voulu par le général de Gaulle. Loin de toute soumission à une technocratie aveugle, nous voulons un continent puissant, mais respectueux de la voix des peuples.

La France doit, plus que jamais, rester debout face à l’Histoire, car sa voix est singulière. Notre nation, venue du « fond des âges », est l’héritière d’un patrimoine civilisationnel gréco-romain, enraciné dans un socle chrétien. Par son histoire récente, elle a noué des relations séculaires avec les peuples du sud de la Méditerranée et s’est ouverte au monde, en partageant sa langue sur les cinq continents. Forte de cette histoire, la France s’est dotée d’un modèle politique unique : une République une et indivisible, sans distinction de race ni de religion.

Aujourd’hui, cette République est fragilisée, prise en étau entre les forces de la déconstruction et celles du repli. Pourtant, notre conception civique, et non ethnique, de la nation est une chance pour bâtir un avenir commun avec tous ceux qui aiment la France et la respectent.

Cet avenir ne se construira pas sans lucidité. Il suppose de repenser, sans tabou ni complaisance, les piliers de la société française : l’assimilation, l’instruction, la langue française, la politique familiale et la laïcité. C’est autour de ces fondations qu’il nous faut organiser un véritable sursaut national.

L’Institut Valmy entend également proposer des réponses à l’affaiblissement économique qui frappe notre pays. Notre ambition est de tracer un chemin réaliste entre les dérives du tout-marché et les impasses du carcan normatif, en redonnant à la France les moyens de son indépendance.

Nous défendons une vision d’État stratège et volontaire, capable d’assumer la conduite des secteurs essentiels dans une économie mondialisée, de soutenir les entreprises d’intérêt national, de penser de manière cohérente le territoire, l’urbanisation et la réindustrialisation.
Il est aussi essentiel de repenser en profondeur l’avenir de notre agriculture, garante de notre indépendance alimentaire, de la vitalité de nos territoires et de notre imaginaire national. Nos terroirs, nos paysages, notre gastronomie sont autant d’éléments indissociables de la France vivante que nous voulons préserver.

Il est tout aussi urgent de restaurer la compétitivité énergétique du pays, ce qui impose une politique écologique intégrant les besoins fondamentaux de l’homme et articulée à l’intérêt national.

Plus largement, il faut reprendre le contrôle de la dette, tout en soutenant les investissements nécessaires à notre avenir. Cette exigence doit s’inscrire dans la continuité des idéaux du Conseil national de la Résistance, qui ont permis de forger un modèle social français, à la fois solidaire, ambitieux et efficace. Il n’y a pas de France solidaire sans une France forte et désendettée.

C’est donc un chemin d’indépendance économique que l’Institut Valmy a vocation à tracer.

Cette bataille, qui est à la fois juridique, économique, sociale et politique, nous voulons la mener par les idées, car les grandes victoires politiques naissent toujours d’une réforme intellectuelle et morale.

C’est à ce prix que la France, puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, pourra tenir son rang en Europe et dans le monde.

En renouant avec une politique étrangère fondée sur l’équilibre des puissances, elle retrouvera la cohérence de sa voix et la force de son message.

Signataires

Julien AUBERT, président de l'Institut Valmy, ancien parlementaire; Jean-Philippe MALLE, secrétaire général de l'Institut Valmy, ancien parlementaire; Éric ANCEAU, universitaire; Rodrigo BALLESTER, universitaire; Hervé COULAUD, chef d'entreprise; Thomas FAURE, chef d'entreprise; Martial GOGER, ingénieur; Olivier GOHIN, universitaire; Henri GUAINO, ancien parlementaire; Florence KUNTZ, ancienne parlementaire européenne; Georges KUZMANOVIC, président de « République souveraine» ; Anne-Marie LE POURHIET, universitaire; Roland LOMBARDI, géopolitologue; Patrick MOLIS, chef d'entreprise ; Jean-Michel NAULOT, banquier; Claude NICOLET, président de Nation citoyenne ; Édouard OLSON, avocat ; Patrick PAGEAT, vétérinaire et universitaire; Céline PINA, chroniqueuse et essayiste; Laurent ROCHUT, directeur de théâtres; Stéphane ROZES, essayiste; Jean-Éric SCHOETTL, conseiller d'État honoraire; Yves SCHWOOB, chef d'entreprise; François SOUTY, ancien haut fonctionnaire; Jérôme STERKERS, cadre territorial; Patrick VERCHERE, élu local, ancien parlementaire; Léonard ZERBIB, avocat.